La musique est bien plus qu’un divertissement. La musique est un art. C’est donc un média porteur d’une puissance insondable : l’émotion. Il suffit de nous replonger dans les moments les plus intenses de notre vie pour réaliser combien ils sont liés à « une musique ». Une musique qui a vécu ce temps et le fait vivre encore à chaque écoute. La musique nous touche et nous porte notre vie durant. Elle est essentielle.
Pour moi cela se traduit par une passion sans limite envers mon métier et une implication totale dans chaque projet. Saisir l’énergie et le discours du musicien pour en extraire l’expression la plus forte est un exercice dont je ne saurais me lasser tant chaque situation est différente. Ainsi la base fondamentale de mon travail s’articule autour de la prise de son, live autant que possible. Car lorsqu’une musique est composée pour un ensemble, celle-ci ne naîtrait-elle pas de l’interaction, de l’échange et de la communion d’artistes réunis en un même lieu, au même instant ? La puissance et l’énergie naissent de la performance d’un groupe.
C’est donc une approche que je privilégie. Le plateau du studio AltSonik a ainsi été pensé en ce sens et dans un souci de modularité. Un ensemble de panneaux mobiles permettent d’adapter l’acoustique et de gérer la repisse. Dans les cas où cela s’avère nécessaire, la pièce de détente adjacente au plateau permet d’isoler un instrument ou un amplificateur.
Mais ne vous y trompez pas, je ne suis pas de ceux qui ne jurent que par une seule et unique méthode, je pense au contraire qu’il n’y a pas de règles, chaque situation est différente. Certains projets, certaines productions, certaines configurations ne se prêtent pas à l’enregistrement live. L’essentiel est de savoir quelle direction musicale emprunter et d’assumer les choix qui en découleront. Mon rôle est donc également d’être conscient de ce qui sera possible ou non au mixage en fonction de la prise de son, et d’adapter celle-ci en conséquence afin d’aller vers une esthétique sonore qui répondra aux exigences artistiques du projet.
J’apporte une attention particulière à la qualité des timbres et à l’espace. A nouveau cela se construit dès la prise de son, par le choix et le placement des microphones certes, mais également par le placement des musiciens, en tirant parti de l’acoustique du lieu. A propos de lieu et d’acoustique, je me plais aussi - lorsque le projet s’y prête - à sortir du studio pour aller enregistrer dans des lieux où l’acoustique est parfaitement adaptée à la musique. Là encore il n’y a pas de règles, l’essentiel étant que le résultat final véhicule toute l’intensité du discours musical.
Enfin, si je considère avec autant d’importance la prise de son, je n’en accorde pas moins au mixage et à la production. Ma rencontre et les quelques temps passés aux côtés de Philippe Teissier du Cros (Rokia Traoré, Steve Coleman, Tigran, Piers Faccini, So Called…), ingénieur du son d’excellence s’il en est, ont forgé ma sensibilité et mon identité sonore et m’ont conduit à m’inscrire dans une démarche d’exigence, dans un souci des timbres, du détail, de la mise en espace et des contrastes. J’ai pour cela apporté un soin particulier à la conception de la régie, afin de pouvoir travailler dans des conditions d’écoute optimales et de disposer d’un workflow performant articulé autour d’outils numériques et analogiques haut de gamme. Cela me permet d’obtenir une large palette sonore et d’allier souplesse, qualités techniques, musicalité et créativité.